Je me plais à penser, étant par nature enclin à l'optimisme, que tout n'a pas toujours été comme ça. Il y a bien dû y avoir certains moments, dans l'histoire de l'humanité, où la conscience était présente dans les fondements de la vie quotidienne. Moments de lumière, îlots éphémères, mais jalonnant peut être un parcours difficile vers une réelle évolution de l'humain. En se penchant sur notre histoire, on peut assurément en observer les traces, ou du moins ce qu'il en reste tant la dérive s'accompagne systématiquement d'une démolition acharnée. Mais bon, c'est bien normal : dès que les enfants des ténèbres l'emportent par trop sur les enfants de lumière, la destruction bat son plein. Néanmoins, aujourd'hui, nous en sommes arrivés à un tournant décisif, car c'est de la survie de la vie sur terre dont il s'agit. Encore faut il en être conscient : dans le noir soigneusement entretenu, difficile d'y voir clair, surtout que les yeux n'y suffisent pas !!!
En notre période d'obscurantisme (1), je guette l'apparition des petits signes qui pourraient m'indiquer que l'avènement d'une nouvelle période d'éveil collectif de la conscience soit en marche. Et il y en a, sans aucun doute, dans ce monde que je fréquente tous les jours : celui de l'écologie en pratique, à travers mon métier et les relations passionnantes qu'il me permet de nouer. Mais bon, ne nous voilons pas la face : le phénomène reste pour le moment très marginal.
Souhaitant faire ma part sur ce chemin difficile, j'ai toujours autant de plaisir à convaincre les candidats éventuels à la maison bioclimatique de leurs rêves qu'ils sont les acteurs de ce changement possible : une douche au lieu d'une baignoire, des toilettes sèches, un chauffe eau solaire, une maison plus petite qui correspond à un besoin mieux ciblé etc. (2) Autant de petits cailloux que je suis content de semer modestement en espérant que le nombre de mes compagnons de voyage augmente rapidement, …car le temps presse !!!
Malheureusement, c'est bien dans cette absence de perception durable de l'urgence face à la catastrophe en marche que réside un des plus gros obstacles. Car c'est dans nos petits gestes et nos choix de tous les jours que nous pouvons changer le monde en nous éveillant à plus de conscience. Cette conscience qui sommeille en chacun et qui n'aspire qu'à s'éveiller si nous ne la mettons pas en veilleuse chaque fois qu'elle pointe le bout de son nez, à grand renforts de bonnes résolutions : « Demain, je me mets au tri sélectif », « Demain, j'arrête de laisser mes appareils en veille », « Demain, je roule tranquille pour consommer moins de carburant », « Demain, demain, demain. ». Mais pourquoi pas maintenant ?
Alors, si je peux me permettre un conseil : apprenons à laisser apparaître la conscience en nous-mêmes. Ecoutons là, car le changement qui en résulte s’opère alors maintenant, dans l'instant présent, et en nous même qu'il s'opère. Et c'est dans ce que nous produisons à partir de cet état intérieur qu'il devient visible et profitable pour les autres.
(1) Obscurantisme ? J'en entends déjà plus d'un crier au scandale. Comment ! Il ose traiter notre belle époque d'obscurantisme malgré son cortège de merveilleuses technologies (dont j'avoue que je profite aussi, même si de plus en plus modérément). Mais il ne comprend donc rien : partout où nous tournons notre regard, ce n'est que lumière (merci la fée électricité), paillettes (merci la télé), designs époustouflants (merci les créateurs), architectures sophistiquées (merci les bâtisseurs) etc. Bien évidemment, nous ne parlons pas de la même lumière : celle qui éclaire les cœurs se fait discrète à l'extérieur, n'est pas issu d'une volonté de paraître, et sa croissance nécessite un compost que l'on ne trouve pas au super marché.
*J'ai voulu en choisissant ce titre faire un clin d'œil à la démarche de Pierre Rabhi dont je salue l'engagement, en conseillant la visite du site : www.colibris-lemouvement.org/colibris/pierre-rabhi